
Hôpitaux surpeuplés, crématoriums remplis de cadavres, taux de vaccination dangereux… La fin de la politique du “zéro-Covid” en Chine fait craindre une réapparition de l’infection. François Balloux, épidémiologiste et directeur du Genetics Institute de Londres, met en garde contre une “crise humanitaire” à venir. Maintenance.
C’est le véritable afflux de Covid-19 qui menace la Chine, trois ans après les premiers cas à Wuhan et peu après la fin de la politique dite du “zéro-Covid”. Comment expliquer cette situation ? Quel est le taux national de vaccination ? Doit-on craindre un flot de cas en Europe ? Beaucoup de questions comme Equipement Midi mettre dedans François Ballouxdirecteur du London Institute of Genetics et épidémiologiste.

François Balloux est directeur du Centre de génétique de la Global University London.
Les images d’hôpitaux et de morgues surpeuplés en Chine parlent d’elles-mêmes… Quelle est la situation dans ce pays ?
Tu es très sérieux. La propagation du Covid-19 augmente rapidement. Ils ont dépassé les 30 000 nouveaux cas quotidiens début décembre. Quant au nombre de décès, il est désormais difficile à calculer, du fait de la fin des tests PCR obligatoires et systématiques. Cependant, il est presque certain que le taux de mortalité annoncé par les autorités est bien inférieur au nombre réel de morts.
\u26a0\ufe0fTHERMONUCLEAR BAD—Les hôpitaux sont débordés en Chine depuis que les restrictions ont été assouplies. Selon les épidémiologistes, plus de 60 % de \ud83c\udde8\ud83c\uddf3 et 10 % de la population mondiale pourraient être infectés dans les 90 prochains jours. Il est possible que des millions de personnes meurent, beaucoup. Et ce n’est que le début-?pic.twitter.com/VAEvF0ALg9
– Eric Feigl-Ding (@DrEricDing) 19 décembre 2022
La pression est également très forte dans les hôpitaux, ce qui s’explique par le faible nombre de médecins dans le pays. Donc au final on a exactement la même situation qu’à Hong Kong en mars dernier.
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Pourquoi les Chinois n’ont-ils pas de protection du bétail ?
Ils ont été très peu exposés au virus, grâce aux mesures très restrictives mises en place depuis trois ans. Bien que nous manquions encore de données, nous savons qu’un très faible pourcentage de la population est infecté par le Covid-19.
La pollution pourrait-elle augmenter dans les jours et mois à venir ?
C’est certainement à prévoir. Certains exemples suggèrent un million de morts. D’ici trois mois, on sait qu’environ 70 à 80 % de la population chinoise sera infectée.
Où sont les chinois dans le vaccin ? Il paraît que les personnes les plus âgées sont encore mal protégées…
Disons qu’un nombre raisonnable de chinois ont été vaccinés, mais que les dernières doses ont généralement été faites il y a quelques mois. Force est de constater que la résistance au Covid-19 diminue. Là où la situation est vraiment alarmante, c’est chez les personnes âgées. Car si les jeunes adultes sont presque tous vaccinés, les plus de 65 et 80 ans ont des taux de vaccination très faibles, autour de 40 %, même si ce sont encore des estimations.
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Beaucoup de gens critiquent les vaccins chinois, mais on ne peut pas dire que ce sont de “mauvais” vaccins. Ils ne fonctionnent probablement pas aussi bien que les nôtres, qui sont également imparfaits.
Assiste-t-on enfin à l’échec pur et simple de la stratégie “zéro-Covid” ? Que pouvons-nous apprendre de cela ? Faut-il s’abandonner à “vivre” avec le virus ?
Je crois que dans un monde “post-vaccin”, il était vraiment temps d’en finir avec cette politique. C’est une politique très coûteuse en termes de coût/bénéfice, qui ne se justifie pas aujourd’hui. Et force est de constater qu’en Chine, l’échec est très fort. A mon avis, la faute des autorités réside dans le fait qu’elles n’ont pas permis de réduire les mesures une fois les vaccins distribués.
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Doit-on avoir peur d’une vague de pollution dans le monde, à l’instar de Delta venue d’Inde ou d’Omicron, découverte pour la première fois en Afrique du Sud ?
Cela devrait être alarmant, les dernières estimations prévoient qu’il pourrait y avoir jusqu’à un milliard de déchets dans le monde. Cependant, nous pouvons être rassurés par le fait que les différents types qui circulent aujourd’hui en Chine sont similaires à ceux que l’on peut trouver presque partout dans le monde. La ligne principale qui y circule actuellement est la B.F7 (dérivé de la version BA.5 d’Omicron, la version actuelle du SARS-CoV-2, NDLR). Par conséquent, le niveau Delta ou Omicron n’est pas inclus.
Quel regard portez-vous sur la politique française anti-Covid ? En quoi est-ce différent de la Chine ?
En fin de compte, c’est une politique commune, comme beaucoup d’autres pays d’Europe occidentale. Il semble qu’il y ait plus ou moins d’argent. Certaines options peuvent être explosives – la campagne de vaccination a été mise en œuvre de manière agressive – mais c’est une politique de longue date que la France a suivie. Il faut aussi reconnaître en France la qualité de ses hôpitaux, ou la Sécurité Sociale, qui a permis de réduire sensiblement le nombre de décès.