On vous emmène découvrir l’œuvre du street artiste C215 en cinq étapes

Alors qu’une exposition du travail de l’artiste C215 en Ukraine débute le 1er février, saluée par le gouvernement ukrainien, 20 minutes vous invite à découvrir son travail lors d’une promenade dans Paris en cinq étapes et environ une heure de marche (voir la carte Google en fin d’article). Cinq œuvres sélectionnées par Christian Guémy – de son vrai nom – qui vous feront rencontrer de grands hommes et de grandes femmes, mais aussi deux enfants et un chat.

Portrait de Victor Hugo de C215, rue Soufflot à Paris.
Portrait de Victor Hugo de C215, rue Soufflot à Paris. -C215

Le portrait de Victor Hugo, rue Soufflot

“On a plusieurs vies, on ne se reconnaît pas forcément dans la personne qu’on a été”, confie Christian Guémy au début de notre entretien. Pour cette première phase de sa carrière, l’artiste propose de débuter rue Soufflot devant un portrait de Victor Hugo réalisé en 2018. Autrement dit, après le grand tournant de son travail artistique, lorsqu’il se met à peindre des personnages célèbres. “Avant, je représentais des anonymes. Ce qui m’intéressait, c’était avant tout la question des émotions sans médiation, l’humanisation du quotidien. Et donc à partir de 2013 j’ai pensé que l’art urbain était suffisamment reconnu pour fixer un contenu explicite. »

Le portrait de Victor Hugo, ainsi que le portrait de nombreux “panthéonisés”, s’inscrivent dans ce cadre, aux côtés de la scientifique Marie Curie, de l’écrivain Alexandre Dumas ou encore du résistant Pierre Brossolette. “Depuis une dizaine d’années, il y a dans mes travaux une certaine idée d’adhésion à la république, à la loi, à l’engagement citoyen, au dépassement de soi, à l’altruisme, à l’exemplification”, conclut Christian Guémy.

Simone Veil de C215, portraits peints sur des boîtes aux lettres près de la mairie du XIIe siècle.
Simone Veil de C215, portraits peints sur des boîtes aux lettres près de la mairie du XIIe siècle. -C215

Simone Veil – sans croix gammée – place d’Italie

« Simone Veil incarne la construction européenne sans laquelle notre pays se serait effondré, mais aussi le droit des femmes à contrôler leur corps ou encore la question de l’antisémitisme. Ce portrait est un hommage aux valeurs qui m’ont sauvée, aux enseignantes des écoles publiques. qui m’a vu, m’a emmené à l’université, m’a donné des repères. J’essaye juste de redonner ce que j’ai. C’est en s’associant avec des écrivains qu’on se construit. Aujourd’hui encore j’apprends et j’invite les gens à sortir de Twitch et les mangas pour s’intéresser à tout cela. A commencer par l’ancienne ministre de la santé qui s’est battue pour la dépénalisation de l’avortement, entre autres temps forts de sa vie. C’est parce qu’elle était juive que son portrait a été marqué d’une croix gammée en 2019 avant d’être retapé par C215.

“C’est comme une signature”, explique Christian Guémy, alias C215, à propos de son chat. -C215

Un chat bleu et “doux”, rue Nationale

Depuis la Place d’Italie, prenez le Boulevard Vincent Auriol et marchez environ cinq minutes jusqu’à ce que vous traversiez la Rue Nationale sur la droite. Regarde, il est là ! Un gros chat bleu, tourné vers le boulevard et le ciel, avec ses petites moustaches et ses oreilles dressées, à l’écoute du monde. Une œuvre réalisée en 2013, à une époque où le street artiste commençait donc à se tourner vers des figures républicaines : « C’est mon premier grand mur et c’est une des dernières œuvres lumineuses. Un chat est détendu ! Je mettrais le street art comme quelque chose de soft, je dirais que c’est de l’art ordonné, ça pourrait aussi donner vie à la rue et au chat des réseaux sociaux”, commente C215, qui peint souvent des chats : “C’est comme une signature. »

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Si vous levez la tête un peu plus haut encore, vous verrez une belle Marianne, bleu blanc rouge comme le drapeau français, avec une larme sur le visage. C’est l’artiste Shepard Fairey alias Obey Giant qui l’a créé en réponse aux attentats du Bataclan et de Paris le 13 novembre 2015. Une larme bleue a ensuite été ajoutée pour reconnaître les larmes rouges ajoutées en 2020 par un collectif qui dénonçait la “politique gouvernementale de sécurité” Une Marianne qui résonne aussi parfaitement avec le travail avec la République C215.

“Quand on est enfant, on vit forcément dans la coercition, l’humiliation, la frustration et parfois même la maltraitance”, dit C215, en parlant de son portrait L’âge d’or, réalisé à Paris. -C215

Un âge d’or qui n’en est pas un, rue du Dr Magnan

Reprenez la direction de la place d’Italie et une fois là-bas, prenez l’avenue de Choisy et marchez 5 à 10 minutes jusqu’à ce que vous rencontriez la rue du Dr Magnan sur votre gauche et le Café L’Age Golden. Relevez la tête et vous verrez une grande fresque représentant un enfant, jaune bleu violet, regard partiellement ombragé. Un portrait tout à fait contraire au nom du café, tant l’enfance n’est pas présentée ici comme la période idéale. C’est l’image d’un enfant d’une favela de Sao Paulo qui a inspiré Christian Guémy ici, à la naissance de son fils Gabin en 2019. Et il a attendu pour faire ce portrait ici, dans l’une de ses préférées à Paris, qu’il visite souvent avec ses amis.

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“Cela parle de toute la tension et de tout le mystère qu’il peut y avoir dans la souffrance d’un enfant. L’idée était de répondre à ce nom de bar car on évoque toujours une enfance heureuse, mais en fait on souffre à cet âge, parfois même des petites choses. Quand on est enfant, on vit inévitablement dans la coercition, l’humiliation, la frustration et parfois même la maltraitance. Et plus nous nous développons, plus nous nous libérons. »

Une Ukrainienne peinte par C215, rue de Patay, à Paris, peu après le début du conflit.
Une Ukrainienne peinte par C215, rue de Patay, à Paris, peu après le début du conflit. -C215

Une Ukrainienne, rue de Patay

Enfin, prenez la rue de Tolbiac vers l’est et marchez une dizaine de minutes jusqu’à trouver sur la gauche la rue de Patay, que vous remonterez sur 170 m pour trouver au numéro 131 une toute nouvelle oeuvre de C215, qui représente à nouveau un enfant . Une petite fille jaune et bleue, aux couleurs du drapeau ukrainien, avec la couronne de fleurs typique et un regard inquiet. L’artiste a rencontré la jeune fille en 2013, mais l’a peinte en mars 2022, au début du conflit, dans un geste de soutien au peuple ukrainien.

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“C’est au pied de cette fresque que j’ai rencontré les représentants de l’ambassade d’Ukraine, et c’est là que j’ai pris la décision d’aller en Ukraine au début du conflit, le long du front biélorusse, et aussi à Kiev. , qui était assiégée », explique Christian Guémy. Son travail sur le site en mars et avril 2022 est visible à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’exposition Slava Ukraini.

Slava Ukraini, jusqu’au 25 février 2023. Galerie des fêtes, Assemblée nationale – 33 quai d’Orsay, 75007 Paris. Présence de l’artiste tous les vendredis (3, 10, 17 et 24 février). Accès libre. Réservation obligatoire sur le site Internet de l’Assemblée nationale.

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