
Ce fémicide était d’autant plus choquant que la victime avait porté plainte contre son éventuel meurtrier à plusieurs reprises.
Crâne rasé, visage émacié, Bruno Garcia-Cruciani, 46 ans, vêtu d’un jean bleu et d’une veste, comparaît devant la cour d’appel d’assises jusqu’au 27 janvier. Il encourt la réclusion à perpétuité, peine qu’il avait déjà prononcée en juin 2021, à la cour d’assises de Bastia, avec une période de sûreté de 22 ans et la privation de ses droits parentaux.
“Je n’ai pas eu un procès équitable (à cause de) le battage médiatique dans mon cas”a-t-il déclaré devant le tribunal vendredi et a appelé à « de ne pas confondre justice et vengeance » et de regretter d’avoir été perçu « comme un homme froid et arrogant“.
“Le plus important, ce sont mes enfants, je n’ai pas eu de mes nouvelles depuis quatre ans”, a-t-il ajouté : “C’est très dur, plus dur que d’être enfermé.“.
“Avec mon geste, ils n’entendront certainement plus la voix de leur mère”, il admit. Mais « les éloigner de leur père est une autre punition » : « je me battrai, je ne quitterai jamais mes enfants“.
L’accusé a nié toute préméditation et a réitéré qu’il n’avait pas “va tuer Julie”. Au cours de l’enquête, le prévenu a reconnu s’être rendu au domicile de son ex-compagne, dont il était séparé depuis septembre 2018, et lui avoir tiré dessus avant qu’il ne se rende aux gendarmes.
“Psychorigidité” et “immaturité”
“Mes enfants, c’est ma vie”il avait aussi confirmé devant un psychologue, des progrès »une thèse au hasard“pour expliquer la mort de Julie Douib, qu’il accusait”infidélité”. Devant ce psychologue, il avait expliqué qu’il s’était rendu chez son ancienne compagne “pour lui faire peur” et à avoir « faire une grosse merde“.
“C’est épuisant de réentendre ce qu’il a fait à Julie et ses enfants”, a déclaré à l’AFP, en marge de l’audience, Lucien Douib, le père de Juliette, partenaire civil de sa femme, Violetta, et de son fils Jordan.
Quant aux deux fils du couple, aujourd’hui âgés de 12 et 14 ans, ils ne participent pas au procès. “Ils ont peur qu’un jour il sorte et les reprenne.”insista leur grand-père : “Sachant qu’il a toujours la garde dont il a fait appel, même si on a obtenu la délégation de garde, c’est dur. Il est toujours présent.
“La justice a autorisé la lecture de la correspondance du père uniquement si les enfants le souhaitent, et comme ils ne veulent plus en entendre parler et qu’ils ne veulent pas le voir, nous avançons de ce côté-là. Mais ils sont fatigué d’être ballotté entre avocats, juges, psychiatres“, il expliqua.
Vendredi, le tribunal a entendu plusieurs témoins de moralité cités par la défense qui ont plaidé pour les qualités, notamment de père, de M. Garcia-Cruciani. Deux d’entre eux, évoquant des événements auxquels ils n’avaient pas participé, ont été répétés par le président : «Dans un tribunal de juge, on ne se fie pas au ouï-dire”laissa-t-elle échapper d’un ton cinglant.
Diffusés lors de l’audience, deux clips vidéo montraient l’accusé agressant sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Interrogé, un psychologue explique que la personnalité de Bruno Garcia-Cruciani se caractérise par une « psychorigidité », “peu d’impulsivité“et de”immaturité” lié à “absence du pèreUn père qui aurait été violent envers ses enfants, selon la sœur aînée du prévenu.
Le 30e des 146 féminicides enregistrés en 2019, ce meurtre avait donné lieu à un “Grenelle” contre les violences conjugales, en septembre 2019. 46 mesures en étaient sorties, dont la délivrance de bracelets anti-réconciliation.